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Dr Pierre Landry Cabinet médical, Place Pury 9, 2000 Neuchâtel

Vaccinations pour les voyageurs

Les voyageurs font partie des personnes à risque d’exposition à des maladies particulières en fonction de leur destination, de leurs activités, de la durée de voyage prévus.

Comme toute personne habitant en Suisse, les voyageurs devraient avoir leurs vaccins de base en ordre  avant de partir(cf article précédent) et la consultation des voyages est une bonne occasion pour effectuer les rattrapages nécessaires.

Les vaccins spécifiques pour le voyage font partie des vaccinations du 3e niveau (groupes à risque).

On distingue :

  • Des vaccinations obligatoires:  pour des raisons liées au règlement sanitaire international, certaines destinations peuvent exiger que les personnes qui entrent chez elles soient vaccinées.
    1. Cela concerne surtout la fièvre jaune, pour de nombreux pays africains (liste sous(1)) et certains pays d’Amérique du Sud. En Asie la vaccination contre la fièvre jaune n’est exigée qu’en provenance d’un pays endémique dans les 6 jours précédents.
    2. Un autre exemple est la vaccination avec un vaccin conjugué quadrivalent contre la méningite à méningocoques pour l’Arabie Saoudite
    3. Le dernier exemple est la nécessité d’une vaccination récente contre la poliomyélite pour certains destinations africaines ou asiatiques en cas de séjour de plus d’un mois (2)

Ces vaccins se font auprès d’un centre de vaccination ou d’un spécialiste en médecin des voyages agréés, dont la liste peut être trouvée sous www.safetravel.ch notamment.

  • Des vaccinations recommandées pour la protection individuelle des voyageurs, comme l’hépatite A et l’hépatite B, la rage, la fièvre typhoïde, l’encéphalite japonaise, la méningite à méningocoques.

Descriptif maladie par maladie…

Fièvre jaune :

Cette arbovirose (maladie transmise par un moustique) grave sévit sous forme d’épidémies et des cas récents ont été signalés au Brésil, au Nigeria, au Sénégal…Elle est présente dan uen grande partie de l’Amérique du Sud et en Afrique Subsaharienne.

L’OMS a certifié la validité à vie d’une dose unique de vaccin contre la fièvre jaune. Cette décision a porté à discussion dans plusieurs pays. Des exceptions assez nombreuses à cette règle existent (petits enfants, femmes enceintes, immunosupprimés, dont VIH, personnes se rendant pour une longue période en zone à haut risque…etc) et certaines études mettent en doute la validité de cette affirmation basée essentiellement sur des données chez des personnes vivant en zone endémique. Pour cette raison le Groupe Suisse d’Experts en Médecine des Voyages, recommande (à l’instar d’autres groupes) une seconde dose de vaccin avant d’affirmer la validité à vie. Par ailleurs certains effets secondaires graves sont connus pour ces vaccins, et les contre-indications doivent être respectées (limite d’âge, maladies sous-jacentes, grossesse) ce qui motive la prudence et une bonne appréciation à l’indication à la vaccination.

Hépatite A :

Cette maladie est endémique dans la plupart des pays où les conditions d’hygiène sont mal respectées, ce qui motive une vaccination de tout voyageur non immun dès l’âge de 1 an. Les personnes en provenance des pays endémiques (africains, asiatiques, américains du Sud) qui ont vécu longtemps dans leur pays (> 10 ans) peuvent être considérés comme immuns. Une sérologie avant vaccination est également possible en cas de doute sur l’immunité.

Hépatite B :

Cette vaccination fait partie maintenant de la vaccination de base chez les nourrissons avec un rattrapage à l’adolescence. Pour les adultes non vaccinés la vaccination est recommandée notamment en cas de voyage prolongé, ou multiples, en cas d’activité à risque d’accident (VTT, moto, alpinisme…) ou de comportement à risque prévisible (rapports sexuels).

Méningite à méningocoques :

En dehors de l’obligation de vaccination déjà évoquée pour les voyages à la Mecque, la seule indication liées aux voyages est celle des séjours en zone sahélienne (ceinture de la méningite), en saison sèche, ou lors de contacts proches avec la population ou lors d’épidémie. Dans les pays à risque, d’importantes campagnes de vaccination ont permis une diminution remarquable du nombre de cas et des épidémies

Fièvre typhoide :

Cette maladie de la pauvreté est liée aux conditions d’hygiène insuffisantes et à la contamination alimentaire. Elle prédomine en Asie et la majorité des cas importés par des voyageurs proviennent d’Inde. L’indication à la vaccination devrait être limitée aux voyageurs de longue durée dans des pays endémiques ou dans des conditions d’hygiène limitée (trekking), et particulièrement en Asie. L’indication à une vaccination pour des séjours touristiques de moins d’un mois est très discutable et devrait être limitée (Groupe Experts en Médecine des Voyages 2020).

Rage :

Le schéma de vaccination préexpositionnelle (PrEP) recommandé par l’OMS a passé de 3+ 1 doses à 2 doses en 2018 et ceci facilite grandement la vaccination avant voyage puisque les 2 doses peuvent être données avec un intervalle minimal de 7 jours (mais 28j c’est mieux !) La mise à jour des recommandations suisse en matière de vaccination contre la rage a été effectuée en 2020 et sera publiée en 2021 (Prophylaxie pré- et postexpositionnelle de la rage humaine, État : 25 novembre 2020, Office fédéral de la santé publique, groupe de travail Rage, Commission fédérale pour les vaccinations). Elle recommande donc 2 doses avant le départ, mais aussi une dose de rappel à un an ou lors du voyage suivant pour une validité prolongée. Pour rappel cette PrEP permet d’éviter de chercher des globulines humaines après une exposition, produits très onéreux et rares dans les régions endémiques, mais nécessaires en vue d’une prophylaxie post-expositionnelle (PeP) correcte.

Une étude allemande récente (3), corroborée par d’autres observation chez les voyageurs (4), effectuée sur 2915 voyageurs a montré que 2% des voyageurs ont été exposés de manière significative (morsure ou griffure) à un mammifère, à raison de 2.3% en Asie, 1.9% en Amérique latine, 1.7% dans les Caraibes et 1.6% en Afrique. Les animaux principalement concernés sont les chiens, suivi des singes, chats, chauve-souris…Parmi ces personnes mordues ou griffées seules 17% ont appliqué des soins locaux, 19% ont consulté et 7% ont eu une PEP (alors qu’elle aurait été recommandée à tous). Les facteurs de risque pour une exposition étaient le jeune âge, le trekking, la chasse, le jogging, le cyclisme et la visite de sites d’attraction avec des singes.

Certains spécialistes préconisent donc une vaccination contre la rage à plus large échelle chez les voyageurs (5)

Encéphalite japonaise

Cette arbovirose d’Asie très rare chez les voyageurs, mais contre laquelle les populations autochtones sont parfois vaccinées., est transmise par des piqures nocturnes de moustiques, surtout en zone rurale. Cela définit le groupe cible classique, à savoir les personnes qui se rendent de manière durable (> 3 semaines) en zone rurale, particulièrement en période de mousson (par exemple agronomes, trekkers, …). Mais comme beaucoup d’arboviroses l’épidémiologie de cette maladie nécessite d’être surveillée, ainsi que les comportements des voyageurs, y compris les voyageurs professionnels (6). L’indication est généralement posée par un spécialiste en maladies des voyages

Tableau : récapitulatif vaccins de voyage enregistrés en Suisse